mardi 14 avril 2009

Pauvre petite bête...


Espiègle, tapageur, voleur, mignon, téméraire, autant ces principaux adjectifs qui sied si bien à ce petit mammifère (omnivore) que l'on reconnaitra si facilement grâce à ce «masque noir» significatif et bordé de blanc situé autour de ses yeux fouineurs.

Je croyais que le raton laveur était habile pour grimper aux arbres, jusqu'à ce que j'en vois un devant moi hier soir. Et il était vraiment mal en point...

Je venais de terminer un voyage de quelques dollars à peine et je devais reprendre le chemin du poste de taxi le plus près possible lorsque mon attention fut attirée par un groupe de personnes sur un bout de terrain. Un arbre adulte et indéniablement immense le dominait par sa taille. Mais ce qui avait attiré mon regard n'était pas cet arbre mais plutôt quelque chose de plus petit qui bougeait derrière un buisson.

Deux adolescents intrigués par «cette chose» et un homme plus jeune que moi regardaient dans la même direction, un buisson bien pourvu et qui cachait cette chose. La bête bougeait mais pas de façon vigoureuse. Je me suis approché doucement et j'ai vu la bête en question : un raton laveur affrayé. Mais étonnamment, celui-ci semblait se foutre éperdument des humains qui l'entourait. Il était bizard. Ces réactions étaient assez lentes, surtout lorsqu'il marchait. On aurait dit un boxeur qui venait de recevoir un uppercut au menton.

L'homme et sa fille, resté à l'écart par protection pour la petite, sans doute, me dit que l'animal était tombé de l'arbre et depuis ce temps, il avait un comportement et une démarche inhabituel. Pour un animal sauvage tel qu'un raton laveur, sa façon de marcher sur trois pattes suggérait possiblement une blessure à la patte. Pour le reste, l'animal demeurait la plupart du temps couché, la tête baissée. Je pouvais voir son ventre monter et descendre lentement, au rythme de sa respiration, ce qui me laisse craindre le pire : une blessure interne lors de la chute.

Je devais faire quelque chose. Je ne pouvais pas laisser cette pauvre bête à la vue de tout le monde et surtout pas dans un quartier où les chiens sont nombreux. Le raton était faible, ça se voyait et il faisait réellement pitié. Je caressais maladroitement son dos velu avec ma main gantée, (je ne pouvais prendre de chance d'avoir une morsure d'un animal tel qu'un raton laveur commun) comme ceux dont se servent les déménageurs, des gants plus apais. J'étais un brin nerveux en caressant son pelage parce que je craignais qu'il se retourne subitement pour chercher à me mordre.

Réaction tout à fait légitime puisque les ratons laveurs, en général se promènent loin des hommes. Et comme nous avons la mauvaise habitude de laisser nos poubelles remplies de restants de bouffes dans des sacs mal fermés ou non résistants, alors le raton laveur se fera un petit festin avec vos déchets. Et ne comptez pas sur sa collaboration pour tout remettre en ordre, hein ?

Mais j'avais bien peur que notre blessé était «seul au monde» (il n'avait pas le ballon Wilson pour lui tenir compagnie et Chuck Noland - Tom Hanks - avait déjà quitté son île depuis fort longtemps) dans ce voisinage.

Trève de plaisanterie, je me demandais comment j'allais faire pour sortir cette boule de poils de sa fâcheuse position. Une voisine qui se tenait sur le seuil de sa clôture et dont l'animal gisait, couché contre le treillis, m'avait indiqué qu'elle allait appeler le Berger Blanc, un organisme qui a vu le jour en 1983 pour répondre aux besoins de la population aux prises avec des animaux errants ou n'ayant aucun endroit sécuritaire pour s'en départir. La charmante dame était revenue avec la mine déconfite et pour cause : le Berger Blanc était fermé. Évidemment, on était le lundi de Pâques. Même les vétérinaires étaient fermés.

Alors je pris la décision de transférer le pauvre raton dans un environnement plus sain et plus sécuritaire : le bord du fleuve Saint-Laurent, par le boulevard Marie-Victorin. Ce que j'ai fait. Pour le déménager, j'ai dû quêter une boîte pour mettre notre ami/e à l'intérieur. Le couvercle ne fermait pas mais c'était sans importance. Il était trop faible pour bouger. Comme de fait, lorsque je suis arrivé à destination et que je me suis dépêché pour ouvrir le coffre, mon ami/e masqué était toujours vivant mais encore plus mal en point que je ne l'avais cru.

Quelques pêcheurs, pressés de prendre quelques bonnes prises grâce à la montée des eaux, vaquaient à leurs occupations tout près de moi et de ma boîte de carton. Après avoir libéré mon «prisonnier poilu» bien malgré lui, celui-ci restait couché sur le flan gauche, le regard semblant perdu au loin, un regard qui fixait bien au delà le rivage et son fleuve dont les vagues venaient lécher la grève.

L'un des pêcheurs, n'ayant rien attrapé depuis quelques heures était venu me voir et avait remarqué le raton laveur couché à mes pieds. Je lui avait expliqué dans les détails ma rencontre avec l'animal, sa chute de l'arbre et son transport vers un lieu plus «naturel». Il approuva mon geste et me donna raison sur ce que je savais déjà et que j'avais, d'ailleurs déjà fait.

Je devais repartir pour le boulot. Et pourtant, tout en conduisant vers mon poste de taxi, j'avais une certaine crainte. Je savais qu'il était en sécurité et dans un environnement plus propice pour un animal sauvage de cette nature, je me demandais tout de même si ce raton laveur commun allait survivre ou se laisser mourir tout bêtement. J'aurais alors vraiment toutes les raisons de m'en vouloir...

Ma signature autorisée

4 commentaires:

Drew a dit…

Billet fort intéressant et recherché!

Joli geste que t'as posé là mec ;-)

Toutarmonie a dit…

J'en aurais long à te raconter sur ce sujet. À deux reprises, je me suis retrouvée avec des bébés ratons sur les bras!!! Et j'ai été choqué par mes découvertes... Tiens, tu me donnes une idée... je vais raconter cela sur mon blog, parce qu'ici, ce serait vraiment trop long... et j'ajouterai des photos de nos petits voisins à lunettes. Cependant, j'aurais fait comme toi, même si sur la Rive-sud, ils ont tué ÉNORMÉMENT de ratons depuis 2 ans à cause de la rage. Ton raton est probablement un jeune raton, et il est possiblement blessé à la tête. La loi de la nature fera le reste... t'inquiète pas. De toute facon, il est clair que ces bêtes ne sont pas dans leur élément en ville!

Jean-François a dit…

@ Drew : J'aime les animaux, Drew. Ils ont le droit de vivre et le droit au respect, comme nous (autant que possible, évidemment)... ;)


@ Toutarmonie : Merci! j'avais besoin de ce petit remontant.

Cependant, je me demande ce qu'il est advenu de ma petite bête masquée...

L'aubergiste en devoir a dit…

Ce qui est important, c'est que tu lui as donné toutes les chances possibles pour assurer sa survie; le reste, peut-être son heure était-elle venue? Sinon, il va se remettre sur pattes et découvrir son nouvel environnement.

Tu as posé le bon geste!

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