dimanche 27 septembre 2009

Saleté de maladie, 2e partie

Nous sommes dimanche matin et je termine mon quart de travail de peine et de misère. Je vous avais parlé vendredi matin de mon urgence médicale et que je vous en donnerais une suite beaucoup plus détaillée. Voici donc la suite de ma mésaventure à l'unité de la salle d'urgence. Mais je vous préviens, il risque d'y avoir une 3e suite. C'est fou comme le syndrôme de la page blanche a du mal à revenir...

Il doit être tout près de 4h00. On est vendredi matin et je suis crevé. Je viens de quitter la station d'essence Pétro-Canada, l'une des trois situées dans le quadrilatère de Boucherville, mais celle la plus à l'est du territoire. 

J'arrive chez André, le chauffeur de jour. Le temps de me stationner et de transférer mes papiers et objets du taxi à mon véhicule sera l'affaire de quelques minutes à peine.

Pendant le fameux transfert entre nos deux véhicules respectifs, je suis peut-être demeuré sur mes deux jambes quelques secondes. Mais ces quelques secondes furent un véritable calvaire pour moi. La douleur lancinante qui paraissait provenir de l'arrière du genou, là ou la peau avait des taches de bleus, était devenue intolérable. Je devais rester en position assise pour faire partir cette douleur atroce.

Je roulais depuis peut-être une bonne quinzaine de minutes et je savais que je me rapprochais de Pierre-Boucher. Je ne voulais pas y retourner. Mais la douleur me rappelait soudainement la triste réalité à laquelle je faisais face. Je voulais éviter d'y entrer mais d'un autre côté, j'étais confronté à une autre réalité, tout aussi réelle : la perte de revenu pour une journée, peut-être deux. Et ça, je ne pouvais pas me le permettre. J'ai trop besoin d'argent. Pas obsédé à ce point-là mais comme cet été fut d'un calme plutôt désarmant, mes revenus avaient chutés de manière catastrophique. Et je n'étais pas le seul dans la même situation.

Je méditais à tout cela pendant le trajet et sans m'en apercevoir, je me suis retrouvé devant le centre hospitaler. J'étais encore dans la voie centrale du boulevard Jacques-Cartier. Ça tournait rudement vite à présent dans ma tête. Je devais prendre une décision, et vite. Si je retardais l'examen, le même problème pourrait surgir à tout moment et pourrait s'alourdir par conséquent. Alors que si je me débarasse de cette tâche maintenant, je saurais une fois pour toute. Au pire, je perdrais une ou deux journées tandis qu'avec la première option, je pourrais perdre beaucoup plus.

Sans hésiter cette fois, l'adrénaline m'ayant donner des forces supplémentaires, je me suis diriger vers le stationnement de Pierre-Boucher. Il devait être près de 4h30. Le ciel était d'un noir d'encre et je distinguais à peine les étoiles, déjà en nombre plus restreint causé par la pollution lumineuse de la ville. Une fois l'Escape à sa place, j'ai marché vers la porte centrale pendant quelques minutes. En touchant la poignée, j'ai dû faire une pause: mon corps avait du mal à suivre. Je perdais mon souffle et je devais le reprendre. Des employés prenaient leur pause en grillant quelques cigarettes. Ils avaient dû me voir arriver mais ne firent pas attention à moi plus longtemps. J'étais déjà entré sur place et les quelques secondes de repos m'avaient suffit.

Je devais encore faire une autre bonne trotte pour arriver jusqu'à la salle d'attente de l'urgence. Située maintenant au 1er étage depuis sa rénovation, une marche d'un bon cinq à dix minutes depuis la porte principale n'est pas exagéré.  Une fois au 1er, il faut suivre les indications de l'URGENCE et se faufiler par la suite dans un corridor parsemé de multiples civières. Et celles-ci étaient presque toutes occupées. C'était pathétique à voir, une fois de plus. Système de santé de merde. Et ce n'est pas le pire, croyez-moi.

Je suis parvenu enfin devant le triage. Un gardien de sécurité se tenait devant les chaises vides. Ne sachant rien encore de la nouvelle politique de cet hôpital (fondé en 1982), l'agent se fit un plaisir de m'expliquer la nouvelle procédure. En premier lieu, je devais m'assoir sur le siège à proximité de la porte. Le dernier arrivé devait prendre le siège le plus éloigné et par la suite, changer de place pour arriver à l'autre bout. Un jeu de chaise musicale en quelque sorte. Mais cette nuit-là, ce vendredi matin, les chaises étaient vides. L'infirmière de garde me fit entrer après avoir jeté un oeil vers la seule personne assise avec ses deux cartes (la bleue et l'autre avec la photo) dans la main.

La suite des évènements ne durèrent qu'un bon quart d'heure. Après avoir pris ma température et ma pression artérielle,  qu'elle jugea trop élevée par ailleurs, elle m'avait demandé de lui montrer LA jambe en question. J'étais là pour cette raison me semble. À la vue de ce membre inférieur à tout le moins gonflée, elle m'avoua d'emblée qu'une thrombophlébite devait possiblement être à l'origine de cette douleur fulgurante qui me prenait lorsque je me tenais sur mes jambes. En tout cas, en demeurant assis, la douleur me quittait pour un temps.

Les examens sommaires étant terminés, je suis ressorti pour m'inscrire officiellement et mes deux cartes qui m'avaient été demandés depuis le début par la direction du Centre et dont les affiches étaient placées à des endroits stratégiques dans la salle d'attente, me furent demandées aussitôt après avoir pris place le siège placé devant la réceptionniste.  Seule une vitre trouée en son centre me séparait de sa personne. Après avoir tapé sur le clavier de l'ordinateur, elle s'assura que la personne physique assis devant elle était bien la même qui figurait, virtuellement parlant dans mon dossier médical. 

Une fois la question de l'identité réglée, elle me fit signer le formulaire de consentement des soins. Elle fit glisser la feuille sous la membrane de plexiglas et le stylo bien calé entre lepouce et l'index de la main droite, je cherchais désespérément la ligne sur laquelle je devais apposer ma signature. Ayant laissé ma paire de lunette dans le taxi, je m'étais retrouvé avec un handicap supplémentaire : la vue brouillée.

Après l'avoir trouvé grâce à la gentille préposée, elle me demanda de me rendre dans la salle d'attente parmi les autres candidats potentiels. La dernière étape avant de rencontrer le médecin. Pour le reste, c'était une question d'heures. La première ambulance arriva tout juste quelques minutes après mon entrée dans la grosse salle. Il y en aura encore plusieurs, dont une seule n'aura pas à promener son patient(e) depuis sa civière vers le cubicule du triage : c'était un cadavre.

C'est à suivre...


Ma signature autorisée

8 commentaires:

Drew a dit…

Bon! Là j'suis capable de commenter :-D

Hâte de lire la suite moi là

Âme Tourmentée a dit…

Je t'ai lu, et la fin m'a donné des frissons dans le dos.....

Ceci dit, je suis avec toi, et espère vraiment que tout s'arrangera....au plus vite...

Gros câlins, mon ami
-xxx-

Jean-François a dit…

@ Drew : Ça va venir bientôt... :-)


@ Âme Tourmentée : C'est vrai que ça donne des frissons à voir passer un corps en plein corridor d'une urgence bondée de monde...

Je devrais me rétablir d'ici quelques semaines, si tout va bien... Merci ! :-)

L'aubergiste en devoir a dit…

Moissi moissi la suite; j'espère que ce n'est pas une throbo, quelle merde!

Allez, un peu de repos et zap la suite pour ne pas que l'on s'inquiète...

:)

Est-ce qu'il faut envoyer un panier de fruits?

Jean-François a dit…

@ L'aubergiste en devoir : Je vais tâcher de le rédiger prochainement. Promis...

Pour les fleurs, merci bien mais faudra les envoyer à la maison... :-)

Magnolia a dit…

Oh la! On niaise pas avec une thromboseflébite!
Prends soin de toi OK?

Patrick Duval a dit…

La suite! La suite! La suite! Je veux savoir! :)

Jean-François a dit…

@ Magnolia : Oui c'est sérieux, mais... vous saurez tout dans la 3e partie... :-)

Merci d'être passé me voir et bienvenue chez moi :-)


@ Patrick Duval : Ça s'en vient ! ;-)

Enregistrer un commentaire

Bonjour,

Je vous rappelle que vous êtes responsable du contenu des commentaires que vous publiez ici.

Ce carnet modère les commentaires et celui-ci sera visible uniquement s'il est validé par son auteur.

Je vous remercie de prendre le temps de passer me voir et je vous souhaite, par la même occasion, une bonne lecture.

Courriel de l'auteur : Jean-François

Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.

Modifié par Tutoriel Blogger

Site Meter

Un taxi sur la Rive-Sud © 2009 Template Nice Blue. Modifié par Indian Monsters. Original créé par Our BLOGGER Templates

Haut de page