dimanche 26 avril 2009

Un vrai chic type

La pause fut de courte durée. Après avoir mijoté pendant quelques jours suite à des commentaires ultra positifs ayant pour but de me remonter le moral - surtout avec ce que mon amie Toutarmonie m'a laissé comme remontant - je me suis remis au boulot, quitte à vraiment, mais vraiment me coucher tard.

Je vous écris ce texte à l'aide de mon nouveau clavier flambant neuf et hyper performant. je sais bien qu'il ne m'aidera pas à trouver les mots justes pour mes textes ni à combler certains vides causés par le manque d'inspiration. Mais au moins ce nouvel outil va pouvoir m'aider à réaliser mon souhait de toujours : pouvoir écrire. Grâce à mon fiston (Médéric), j'ai pu enfin me débarasser de l'ancien clavier, continuellement encrassé de morceaux de bouffe entre les touches, la touche «space» ayant été brisée par un doigt vengeur ou moqueur, sans doute après avoir reçu une réplique de sa dulcinée en colère... ou étais-ce sa colère à lui ? Un autre mystère...

La soirée s'est passé pas trop mal malgré un début légèrement commotionné à Boucherville. Je me considère chanceux si j'obtiens un bon voyage au départ. Mais hier soir, jeudi, les voyages «locaux» comme on dit dans le patois des chauffeurs, me semblaient un peu trop nombreux à mon goût. Et puis finalement, les GROS voyages ont commencer à sortir. La récompense pour avoir été patient avait porté fruit : je venais de recevoir un appel pour me rendre à destination du quartier 10/30 de Brossard.


Il devait être tout près de 23 heures trente lorsque je reçois un appel pour le Resto Bar le Christies. À partir de maintenant, je dois ouvrir une parenthèse pour vous raconter une petite anecdote : peu avant cet appel, un chauffeur libanais s'en allait se chercher un café et immobilise son véhicule à la hauteur du mien et me demande si j'ai besoin de quelque chose. Je lui répond un «non merci» bien poli et il me dit tout à coup qu'il avait aperçu l'autobus des joueurs du Canadien au Christies. Ah ? Je rétorque alors qu'il n'y en aura pas un qui va utiliser le taxi alors... Et après s'être esclaffé pour cette remarque bien placée, mon collègue a continué son chemin vers le Tim Horton, celui d'en face de notre poste d'attente de nuit.

Et quelques minutes plus tard, on me demandait de me rendre à ce resto bar pour prendre un dénommé Guillaume. Son nom de famille demeurait un mystère jusqu'à ce que je vois sortir un grand gaillard de plus de six pieds de haut et de carrure athlétique. Je ne l'avais pas réellement reconnu sur le coup mais le valet (celui qui stationne les voitures pour les clients et pour un bon pourboire) m'en avait informé dès mon arrivé.

Aussitôt assis derrière moi, il me lance précipitamment : «Mmmmm ! Ça sent les frites ici !» Évidemment, je venais d'acheter mon souper qui se composait en une petite portion de frites et un délicieux sandwich grillé au poulet (viande blanche) bien garni. L'odeur était encore fraîche dans la voiture et je venais sans doute de lui redonner une faim insoupçonnée. Je crois que son repas de la veille au soir était rendu loin dans le tuyau. Pour changer de sujet, il m'a fallu lui demander sa destination, comme avec ma clientèle habituelle. Quand j'ai su que je me rendais au chic Quartier Dix 30 de Brossard, je n'ai plus eu de doute quant à son identité. On devait se rendre plus précisément à l'aréna de pratique de l'équipe ... Bell (?) mais je ne me souviens pas du vrai nom. Je peux les compter sur mes deux mains le nombre de voyages que j'avais fait à cet endroit.

Pendant le trajet, le joueur-vedette de Montréal me posait des questions sur le taxi et moi je lui en demandait sur le hockey. On s'échangeait sur nos métiers respectifs et j'aimais bien ce tempo. La route était belle et vide de monde. On roulait vite mais prudemment. Je devais me montrer doublement attentif et professionnel : Monsieur était le papa d'un beau poupon de neuf mois. C'est quoi son nom ? Eden, m'avait-t-il répondu. Très joli comme choix, Guillaume. Il était fier de son fils et ça se voyait sur son visage. Il m'avait aussi parlé de sa conjointe (maudine de mémoire) dont j'ai perdu le prénom et qui l'attendait à sa maison de Brossard.

«Elle attend toujours ton retour ?» Pas toujours mais d'après ce que j'ai retenu de la conversation, elle attendait le retour de son amoureux après un party bien arrosé avec les autres membres de l'équipe. Fêter quoi au juste ? La fin d'une saison éprouvante et dure de conséquences. Le renvoi de Guy Carbonneau, selon Guillaume avait été une surprise, autant pour lui-même que pour l'équipe au complet. Guy était son ami et confident. Ils se complétaient. Son coach était là en cas de besoin et idem pour le numéro 84. Sa réponse à ma question qui était de savoir si le renvoi de l'entraineur pouvait être évitable, il me répond tout simplement qu'un coach ne peut pas plaire à tout le monde. Il s'était fait respecter par plusieurs mais d'autres ne pouvaient plus le sentir. Son départ était inévitable. Une autre raison : la décision avait été possiblement prise par LE Big Boss : Mister Gillett.

Sur la voie rapide de la 30 vers l'ouest, je me rapproche de la sortie qui nous mènera à notre destination. Le virage pour prendre la sortie du boulevard Rome se fait en douceur. La conversation se continue dans le monde merveilleux du taxi, quand tout va dans le meilleur des mondes. Pendant ce court laps de temps, j'avais l'impression d'être ailleurs qu'au volant. Sauf quand je répondais à ses questions se rapportant à mon métier. Il était vraiment impressionné, selon moi. Je crois même qu'il comprenait réellement ce qu'un chauffeur pouvait vivre à chaque jour ou nuit de travail. J'étais aussi fier que lui parce que je venais peut-être de lui faire prendre conscience (j'espère du moins) qu'il était chanceux de pouvoir pratiquer un sport de pro comme métier et de pouvoir en retirer un sacré bon bénéfice. À la blague, bien entendu, je lui avait même suggéré de s'acheter un permis de taxi à Boucherville, après la crise économique, évidemment. Il a pouffé de rire. Et je m'y attendais...

En ce qui concerne l'entraineur temporaire (Gainey et sa possible démission), Guillaume n'a pas voulu répondre, tout simplement parce qu'il ne tient pas à se prononcer encore. Cependant, et peu importe ce qu'il adviendra du coach actuel, l'équipe a besoin d'une personne qui a du leadership, mais aussi qui sache être souple. Bref, une main de fer dans un gant de velours, Guillaume ? Un peu ça, oui ! Mais tout le monde connait maintenant la vraie motivation de monsieur Gainey depuis sa conférence de presse.

Je lui ai demandé aussi - mais surtout - pour quelle raison (je ne suis pas et ne suis plus un fan de hockey et je n'écoute pas les matchs à la télé, alors ma question m'a semblé bien légitime, pour moi mais aussi pour ma curiosité personnelle) la foule était déçue des performances de l'équipe. Toujours selon Guillaume, le nombre important de joueurs blessés a été LE facteur aggravant. À pareille date l'an dernier, le club avait bien terminé et si on se souvient bien, le nombre de blessure était plus que négligeable. Ça se tient.

En arrivant dans la place, j'avais fait remarqué à mon client que je ne connaissais pas encore la bonne route à suivre pour se rendre au centre d'entrainement du Centre Bell. Plus précisément à l'entrée du garage. Il m'a guidé comme un chef. Étant donné aussi qu'il avait quitté plus tôt pour justement pouvoir se reposer, retrouver sa blonde et son fils Eden. Il m'avait dit au passage, alors que je lui avais fait remarquer qu'étant sobre, une voiture aurait été bien utile. Sa réponse : sa nouvelle maison à Candiac est plus importante qu'une nouvelle voiture (...) Hein ? Je rêve ou quoi ? Il ne gagne pas assez de fric ? Bah, sa conjointe possède sûrement sa propre voiture mais il ne veut pas investir pour une 2e. Vous croyez ça, vous ? Possible.

Je porte la main au compteur pour qu'il cesse de rouler et me tourne vers mon client pour lui indiquer le montant. $47 dollars, s'il vous plaît. Il fouille dans sa poche (je ne sais pas laquelle, il fait pas assez clair, sti!) et fini par me tendre un billet de $100. Bon, un joueur qui gagne de gros sous et qui me remet un «brun», c'est normal. Heureusement que je pouvais le changer. Pis je commencerai pas à lui faire la morale quand on a juste un gros bill comme le sien. Je vais passer l'éponge pour cette fois-ci (je rigole, les amis/es). Vous auriez fait pareil, non ?

Bon, si mes comptes sont exactes, je lui dois cinquante-trois dollars. Comme je commence à lui remettre sa monnaie, il ne demande que $40 dollars... Un beau $13 de pourboire. Pour tout vous dire, je crois qu'il avait aimé ma «ride» en taxi. Et le temps a passé tellement vite. On a rien vu, sauf moi, heureusement. Pour un joueur qui a connu une mauvaise saison et des séries qui se sont terminées trop rapidement, il était vraiment «cool». Il était serein. Calme. Soulagé ? J'sais pas. Mais un vrai chic type, j'vous dit...

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8 commentaires:

Anonyme a dit…

Dans mon domaine aussi, je rencontre beaucoup de gens connus. Et comme toi, je suis contente de voir qu'il y en a qui reste simple et accessible.

Et c'est l'fun de voir aussi qu'il t'a fait la conversation comme ça! T'as eu droit à ses premiers commentaires d'après saison! :)

Jean-François a dit…

@ Lily : Je peux me trouver chanceux et voir privilégié d'avoir pu jaser avec un joueur de la trempe comme Guillaume.

Comme tu disais, sa simplicité et sa générosité en fait un type tout à fait charmant et humain, par dessus tout. J'ai même oublié de vous dire que je lui avais demandé, d'un air plus que gêné, une «preuve» de son passage dans mon taxi. Autrement dit, une autographe. Il s'est vraiment montré gentil en apposant sa griffe... :)

Toutarmonie a dit…

Tu vois Jean-Francois...?
Finalement, tu as eu une bonne soirée... (payante aussi je pense)et tu t'es attiré une "vedette"...Pas cool, ça? Faudrait que tu lises le livre LE SECRET. Parce que oui,la loi de l'attraction existe...
Cela dit, j'aime bien ton texte. Il est long, certes, mais moi écrire une carte postale, c'est très pénible, en ce sens qu'il n'y a jamais assez de place pour tout ce que je voudrais y mettre! :-))))
Tu t'exprimes bien J-F, alors lâche pas... J'étais dans le taxi avec toi en te lisant. COOL!
Bonne journée hyper ensoleillée et chaude. Maudit qu'il fait beau!!!!

Jacynthe a dit…

Wow y en a un chanceux.

Drew a dit…

J-F, ce billet vient de me confirmer deux choses

La première, c'est que t'as une superbe plume qui amène ton lecteur à visualiser tout. C'est pas rien ça mec! Je te jures je me croyais assis avec vous dans le taxi! Un peu plus je commençais à poser des questions à mon écran ;-)

La deuxième, l'idée que j'ai de toi elle belle et bien fondée. T'es vraiment un chic type m'sieur!

Des chauffeurs de taxi comme toi il en manque à Montréal :-)

Drew a dit…

By the way, t'es dans le top 3 mec :-)

Jean-François a dit…

@ Toutarmonie : Merci chaleureusement pour ce commentaire très positif chère amie ¦¬)

Si je pouvais embarquer tout le monde dans mon taxi, je serais bien obligé de changer le taxi actuel pour un autobus avec un compteur... ¦¬)~~


@ Jacynthe : Oui, ça tu peux le dire... ¦¬D


@ Drew : Je te lance un beau merci pour ce compliment, l'ami. En fait, je te place désormais parmi mes meilleurs chums et lecteurs de ce carnet... ¦¬D

Bien évidemment, si tu as cru être assis juste à côté de ce bon Guillaume Latendresse, alors je crois avoir atteint mon but : que tu te retrouves assis sur le siège arrière du taxi 535... Et puis non... Assis à l'avant, la place de mes meilleurs clients... ¦¬D~~~


@ Drew 2 : Merci pour la récompense, man ¦¬)~~

(Nan, je fume pas, mais j'aime ça faire des dessins...)

Anonyme a dit…

Salut J-F...Tres bon texte mon ptit chanceux!

J'aimerait ca avoir la chance de jaser avec un des joueurs du CH, apart Guy Lafleur ou Guy Carbonneau que je croise assez regulierement, je n'est pas eu la chance de parler avec aucun joueur de l'édition 2008-2009.

par contre j'aurai peu etre la chance de parler avecVincent Lecavalier qui devrait arriver a l'ile bizard sous peu!!

En passant Guillaume n'a oas connu une si mauvaise saison que ca..14 b 12 p 26 pts en 57 matchs.

Il ne joue jamais (ou presque) sur le *power play* et a changé de trio plus souvent qu'a son tour!

Encore une foi super de bon texte!

L'analyste.

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