jeudi 22 octobre 2009

Épreuves à venir

Mon esprit perçoit faiblement des sons qui me sont vaguement familier. Les yeux toujours clos, mes facultés auditives font surface après une journée de sommeil plutôt courte. Mes sens reviennent à eux. Mes yeux s'ouvrent avec difficulté et le brouillard qui semblait dense il y a peu se dissipe petit à petit maintenant.

Un bruit plus strident que les autres me tira de cette torpeur qui me tenait bien au chaud, bien à l'abri d'une quelconque lucidité. Le son de mon portable résonnait parfaitement dans mes oreilles. Les yeux grands ouverts, je cherche mon appareil sur la table de chevet. Après avoir mis le grapin dessus, je regarde à nouveau sur le meuble, à la recherche de mes lunettes de lecture cette fois que j'enfile sur le nez.

Comme le cellulaire avait cessé de sonner, n'ayant pas eu le temps ni les facultés de répondre proprement dit, je cherchais à connaître l'enquiquineur de service pour ce réveil précoce. Ah ! Voilà enfin le responsable  : c'était mon frère. Et pour avoir entendu mon portable sonner plusieurs fois de suite, ça devait être important.

Ayant pris ma douche avant de me glisser sous les draps au petit matin, j'ai donc enfilé mes vêtements en quatrième vitesse. Les souvenirs récents d'une chirurgie sans précédent qui attendait ma mère venait de refaire surface. Tout devenait plus clair, plus limpide dans ma tête à présent. La dernière fois qu'on s'était parlé (ça remonte à quelques mois), elle m'avait dit que ce n'était qu'une question de temps avant de passer sous le bistouri. Et suite à ce coup de fil, mes soupçons se sont confirmés.

Dans la chambre à coucher, tenant le téléphone d'une main et faisant le lit de l'autre, je discutais avec mon frère sur le sujet qui nous tenait à coeur : la santé de notre maternel. Mais sa santé à lui en était tout différent. Je craignais en effet que son foie ne tienne pas le coup.

À force d'aimer la bière au point d'en boire en quantité industriel, son organe ne tiendra pas aussi longtemps qu'il le pense. Mais frérôt avait tenté par le passé de suivre une thérapie et sevrage de quelques semaines intensifs à la Maison Jean Lapointe, et il avait rechuté. Libre à lui de poursuivre dans la voie qu'il a choisi. C'est dommage mais je n'y peux rien.

Notre mère, quant à elle, venait d'être opérée et repose actuellement aux soins intensifs de la seule hôpital couvrant la totalité de l'île Jésus. Intubée, des fils et des sondes la reliant aux multiples machines qui prenaient place à ses côtés, et selon ce que frérôt me racontait, elle lui faisait pitié. La bonne nouvelle, parcontre : elle prend du mieux. De toute évidence, le chirurgien n'a rien trouvé à proximité de l'organe lors d'une chirurgie exploratrice et c'est bien tant mieux. Mon père se trouve à son chevet le trois quart du temps et dès qu'elle sera transférer dans une chambre requérant moins de soins, possiblement pour vendredi de cette semaine, elle pourra recevoir de la visite.

Toujours selon mon frère, maman ne veut plus se faire réopérer si jamais les métastases revenaient en force. Elle a assez donné. Je la comprend. Elle devra d'abord se remettre de cette importante chirurgie. Par la suite, la prochaine étape sera de réapprendre à se nourrir. Ce sera loin d'être facile mais comme je le mentionnais dans mon billet précédent, elle devra recourir à la vitamine B-12 sous forme d'injection mensuelle puisqu'elle ne peut être ingérée par la bouche.

Je me demande tout de même comment elle va supporter cette terrible épreuve. Pour le moment, elle reçoit des analgésiques et des médicaments qui l'aide à supporter la douleur. C'est drôle à dire mais je me vois moi-même aux soins intensifs du Royal-Victoria (au 8e étage) en train de me faire succionner par le tube endo-trachéal afin d'éliminer les sécrétions qui s'aglutinent sur les poumons. Une situation intolérable et douloureuse pour quiconque n'a jamais vécu cela.

Mon frère me parlait d'une voix calme et posée, à l'autre bout du fil. Une voix anormalement calme. Sensation étrange. Comme si ses propos étaient devenu d'une sobriété étonnante. Et il était sobre, justement. Avec raison : il venais d'arriver du boulot. Et comme mon paternel l'avait avisé des dernières nouvelles à propos de maman, mon frère avait jugé utile de m'en aviser au plus tôt. Il avait bien fait et bien réagi.

Maintenant, ce sera mon tour de rendre visite à celle qui m'avait mis au monde 45 ans plus tôt. Celle qui m'avait tant de fois rendu visite alors que j'étais hospitalisé ces dernières années (depuis 1998 en fait) et qui m'avait si bien aidé à me remonter le moral lorsque celui-ci était à son plus bas. Je lui dois bien cela. Évidemment, puisque je l'aime, ma mère...
Ma signature autorisée

4 commentaires:

DEMIJOUR a dit…

On oublie parfois qu'on a qu'une seule mère... et qu'on l'aime!

Je lui souhaite de se remettre tranquillement mais surement de tout cela.

Courage, je serai avec vous tous en pensées.

Sur ma route a dit…

Bonjour, Je suis une nouvelle venue et votre blogue est particulièrement intéressant. Merci

Prompt rétablissement à votre mère et bon courage à vous et votre famille.

Au plaisir de vous relire !

Mi

P'tit Homme a dit…

Ouf... Voilà une situation que je ne suis pas prêt à vivre... C'est dernier temps, la mort a un effet dévastateur sur ma pensée... Tous ces questionnements, toute cette recherche de la vérité...

Comme je vois des histoires comme celle de ta mère ou encore d'un ami de la famille qui a perdu sa femme d'un cancer rapide et généralisé il y a peine un an et qui maintenant, se retrouve dans la même condition... Oh que ce n'est pas facile...

Ta mère est chanceuse d'être entourée de l'amour de ses proches!

Marie-Lionne a dit…

Tu vas nous tenir au courant de son état de santé n'est-ce pas ? Et puis bon courage à toi, je sais comment tout ça peut être inquiétant...

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