mercredi 22 juillet 2009

Avoir su...

Il est déjà 4h20 et mon quart de travail tire bientôt à sa fin. Je suis sur le poste d'attente depuis un bon moment déjà. La rotation (la centrale ferme les postes de nuit et avant d'ouvrir ceux de jour, il doit prendre en note les voitures en attente, comme le nôtre au poste 30 de nuit) n'est pas encore terminée et il reste deux voitures derrière la Chevrolet 2008 de ma propriétaire. J'espère toujours en embarquant sur la rotation de pouvoir gagner le gros lot de la fin, dans mon cas : un voyage vers l'aéroport Montréal-Trudeau.

Je reçois mon appel vers 4h30. Ce sera le dernier. Deux bips sonores m'indiquent que deux messages viennent d'arriver dans l'appareil. C'est bon signe. Une réservation pour l'aéroport en contient deux aussi. Cependant, en regardant de plus près, je constate que je dois me rendre ailleurs, sur le site d'un mariage situé sur les Îles de Boucherville. Tout juste en face de l'hôtel des Gouverneurs. Celui qui s'était fait une belle publicité dans le Journal de Montréal en déversant le contenu de ses toilettes dans le fleuve Saint-Laurent. Vous vous souvenez ?

Sur le coup, je n'ai pas réalisé que je m'étais fait avoir par le dispatch. Je vous expliquerai plus loin. Donc, je me rend sur les lieux et j'arrive dans le stationnement. Trois jeunes demoiselles viennent vers moi en gesticulant comme trois âmes en peine. Je les embarque subito presto et redécolle aussitôt pour le secteur du Boisé, le quartier le plus riche de la ville.

Les jeunes filles ont de la jasette mais je ne les écoute que d'une oreille : mes yeux fatigués ne demandant qu'à pouvoir se fermer, je garde de force et de misère toute ma concentration sur la route. D'ailleurs, pourquoi sont-elles encore debout ? Surtout à 4h30 du matin ? Elles étaient relativement jeunes, mais combien ? Difficile à dire. Mais je persistais et je persiste encore à dire qu'elles auraient dû être couchées depuis belle lurette déjà. Peu importe, elles avaient appelés et je devais les prendre. Et puis non, ce n'était pas à moi de le faire mais à une voiture de Longueuil.

Mais voici donc la gaffe de la centrale : le répartiteur me demande À MOI (une voiture ayant une licence pour opérer uniquement qu'à Boucherville (T01)) de prendre en charge un appel logé dans le territoire du T02 (Longueuil) alors que je ne pouvais le faire sous peine d'amende. Même le téléphoniste l'avait averti de ne pas le faire. Selon son explication, en demandant une voiture de Boucherville faire son appel, il voulait s'assurer que le chauffeur en question saurait comment s'y rendre. Mais par sa faute et son manque de professionnalisme, j'ai manqué une réservation pour Montréal-Trudeau. Et une occasion en or d'augmenter mon waybill qui était relativement faible pour un lundi matin. Or, par les temps qui courent, les Dorval ne sont pas à dénigrer, hein ?

Pour revenir à mes deux demoiselles, je me rends à l'adresse qu'elles m'avaient donnée avant de quitter le stationnement encore bourré de voitures. Arrivé sur place, je remarque la belle grande maison aux multiples briques rouges. Je me doutais que la valeur de cette propriété devait friser dans le demi million, si c'est pas plus. La maison que j'habite, un triplex pour ainsi dire ferait office de cabane à jardin... C'est pas des blagues, j'vous dis !

La mère de l'une d'elles m'attendait sous le porche, une jaquette blanche enfilée à la hâte. Le montant du compteur se monte à $22 dollars et 20 cents. Une balade d'une dizaine de minutes à peine. Les filles débarquent et marchent d'un pas rapide vers la dame à l'extérieur et qui était rentrée sans m'en rendre compte. Quelques secondes plus tard, la brunette sort en courant, pieds nus sur le stationnement fraîchement terminé et me tend mon dû à travers la vitre baissée. Je prend l'argent et après avoir vérifié le tout, je lui remet le reste, c'est à dire un gros cinq cent. Je lui remet son change mais elle refuse tout net en me disant que je peux le garder. J'insiste. Je lui remet une pièce de monsieur le castor dans la paume de sa main encore ouverte en lui disant qu'elle devrait le conserver précieusement. Sa maison n'est peut-être pas encore entièrement payée...

Ma signature autorisée

6 commentaires:

Drew a dit…

Calisse... Comme quoi t'as beau avoir de l'argent, la classe vient pas avec!

Toutarmonie a dit…

:-))))
Tout un pourboire!!!!

Mike a dit…

Tu devrais savoir ça J.F., les meilleurs pouboires viennent toujours des pauvres et des travailleurs à pourboire.
Les pleins, c'est comme si on n'existait pas pour eux, des trois jeunes filles, je parierais qu'aucune ne saurais dire ton âge, la couleur de tes yeux, ou même la couleur de ton taxi. Ils te regardent mais ils ne te voient pas.
Dans ces cas là, moi, je leur réciproque leur indifférence et le les plains toujours un peu d'avoir louper l'occasion de rencontrer un autre humain,,,,their lost.

Marie-Lionne a dit…

Frustrant tout ça. Je pense que plus je vieillis, plus jeme laisse "atteindre" par ce genre de choses... J'aurais été toute croche si j'avais été à ta place. Et le dispatcher aurait eu à faire à moi.

Jacynthe a dit…

Moi personnellement je trouvrais ca tellement insultant recevoir 5 cent de change que j aimerais mieux de rien recevoir

Jean-François a dit…

@ Drew : Comme on dit : plus t'es riche, plus t'es cheap... :-)


@ Toutarmonie : Ouaip ! Ça devait venir du coeur, pas de la bourse... :-)


@ Mike : Je sais bien, mais à quoi bon ? C'est encore pire quand l'ouvrage manque (soupir!)... ;-)


@ Lionne : Le dispatch à toujours eu et aura toujours le gros bout du bâton... Si tu le fais trop ch***, il peut jouer avec les appels, si tu vois ce que je veux dire... :-)


@ Jacynthe : Je me demande si ce n'est pas les parents qui sont le plus à plaindre. Mes enfants ont toujours su qu'il faut donner un pourboire "raisonnable" au chauffeur de taxi et dépendamment de sa conduite avec eux... ;-)

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